lundi 25 juin 2012

Shining de Stanley Kubrick





SHINING
Année de production : 1980
Réalisateur : Stanley Kubrick



Shining est un film inspiré du roman éponyme de Stephan King. Inspiré, mais loin d'être une copie conforme – peut-être d'ailleurs ce manque « d'authenticité » est-il la cause du mécontentement de King. 

Mais peu importe, ne débattons pas là des différences entre le film et le livre ; car oui, le film est un véritable chef d'œuvre, et comme tout chef d'œuvre, intemporel.
En effet, ce film a plus de trente ans et pourtant, il n'a pas vieilli – ceci est principalement du au fait d'une part que les acteurs sont excellents, mais aussi parce que le thème traité y est universel et non-soumis à une époque particulière : l'entrée d'un homme dans la folie.


Avant toute chose, résumons ce film.
Jack Torrance (Jack Nicholson) est un écrivain en panne d'inspiration. Afin de ne plus souffrir du syndrome de la page blanche, il décide d'aller garder un hôtel avec sa femme Wendy (Shelley Duvall) et son fils Danny (Danny Lloyd) en plein hiver, saison durant laquelle l'hôtel est fermé. Ainsi il pense pouvoir retrouver l'imagination lui manquant depuis trop longtemps.
Les trois personnages se retrouvent donc totalement coupés du monde, et sur cette base le film peut commencer.


Mais ces personnages, qui sont-ils ?
Jack Torrance.
Il est le personnage clef du film, celui sans qui l'histoire n'aurait pas lieu d'être. Ecrivain, mari, et père, il semble à première vue être un homme comblé.
Au fur et à mesure, son attitude change du tout au tout. Si à l'arrivée dans l'hôtel il nous apparaît comme sensé, le temps passant nous le montre comme plongeant dans l'univers du déséquilibre pour nous apparaitre clairement inquiétant.
Il nous faut ici saluer la prestation de Nicholson (sans doute aidé du maquillage) dont le visage évolue et se renferme tout au long du film.

Wendy Torrance.
Wendy est la femme de Jack. D'apparence un peu nunuche, elle se veut être l'épouse et la mère exemplaire, toujours présente pour veiller au bon soin de sa petite famille. Elle est présente dans le film mais semble, tout comme nous, spectatrice de la tournure que prennent les choses, spectatrice impuissante de la folie dévastatrice de son mari.

Danny Torrance.
Danny est le film de Jack et Wendy. Garçon d'environ 6/7 ans, discret, renfermé, mystérieux, il est dans ce film le premier à nous faire comprendre que l'hôtel sera le lieu de la perdition de la famille.
Pour cause, il ne veut pas y aller, il sait que là-bas règne le mal, il sait qu'en y allant, plus rien ne sera jamais comme avant. Comment le sait-il ? Car il a le Shining.



Nicholson Jack Torrance blog art sound shining
Nicholson dans son rôle de Jack Torrance


Qu'est-ce que le Shining ?
Le Shining est cette capacité à ressentir de manière extra-sensorielle les choses. A percevoir le passé, mais aussi le futur. Pas de manière claire, non, simplement par flash, par instinct. Danny lui-même ne sait pas être porteur de ce don ; c'est le cuisinier, Dick Hallorann, qui le lui dira. Hallorann est aussi porteur du Shining, et pour cette raison il sait que Danny l'a en lui.
Où est le souci dans le fait de l'avoir, ce fameux Shining, me direz-vous ?
Le souci est que, comme dit plus haut, l'hôtel est un endroit où règne le mal. Nous apprenons d'ailleurs dès le début du film qu'il s'y est passé un drame : un père de famille y résidant devint fou sans crier garde et tua à coups de hache sa femme et ses deux filles.
S'il ne sait clairement de quoi il s'agit, Danny le ressent et pour cause des flashs lui apparaissent, et ces apparitions ( les deux fillettes, les flots de sang...) le terrorisent.

Une atmosphère malsaine.
Tout au long du film, et là est sa force et son caractère culte, nous sommes immergés au cœur d'une ambiance malsaine, pour ne pas dire étouffante.
A quoi cela est-il du ? En quoi ce film se démarque-t-il des autres – car en effet, le thème fut de nombreuses fois traité, un endroit abandonné voire hanté, la folie... Souvent copié oui, jamais égalé.
- Tout d'abord, et comme dit tout à l'heure, au jeu des acteurs, mais ne nous attardons pas là-dessus. Non pas que ce ne soit pas sujet à en parler, simplement que ce n'est pas ce qui nous intéresse réellement ici.
- A la musique (composée par Rachel Elkind et Wendy Carlos). Une musique digne d'un film d'Hitchcok. Collant parfaitement à l'ambiance du film, présente sans pour autant l'être trop, elle fait indéniablement partie des éléments faisant monter l'ambiance crescendo.
- Au plan des caméras et au son. Ce film recèle de plans sublimement travaillés (je pense entre autre au passage où nous pouvons voir Danny déambuler sur son vélo dans ce grand et sinistre couloir, avec pour tout son celui des roues alternant parquet et tapis), de teintes maitrisées à la perfection.
- Aux flashs de Danny. Danny est en proie à des flashs qu'il ne peut maitriser, et ces flashs se révèlent somme toute assez inquiétants ; en particulier celui des deux jumelles au visage cadavérique vêtue d'une robe bleue. Aussi celui des flots de sang ravageant une des pièces de l'hôtel. Inquiétants, car brefs et car - tout comme Danny -, nous ne nous attendons pas à assister à ça
- A l'évolution de Jack. Jack qui au début semble être un individu sain se révèle de plus en plus obscur, pour finir totalement violent envers sa femme. Cette violence surgit véritablement après que Wendy ait lu ce qu'il écrivait depuis son arrivée. Une phrase, toujours la même, sur une centaine de pages ; la traduction exacte de cette phrase est « trop de travail et peu d'amusement font de Jack un triste sire », mais traduit en français par « un tiens vaut mieux que deux tu l'auras ».
- A l'incompréhension du spectateur. Peut-être est-ce un avis subjectif, mais il me semble que le fait que nous ne comprenons pas réellement le pourquoi du comment peut-être considéré comme une faiblesse du film, mais que c'est en cela également que se trouve sa force. En effet, nous sommes constamment en proie à cette question « mais que se passe-t-il ?  Jack est-il possédé par une quelconque force maléfique ? Devient-il fou sans raison aucune ?  Ce que nous voyons, est-ce ce qui est réellement en train de se passer, ou bien est-ce ce qui va se passer ? Ou peut-être est-ce déjà le passé ? ».



danny shining vélo king kubrick
Danny traversant un couloir sur son vélo

En bref.
Un film travaillé à merveille, jamais dans le « pas assez », jamais dans le « trop », juste ce qu'il faut quand il le faut.
Aussi, il peut-être sujet à diverses interprétations, et encore une fois c'est là une force car on ne se lassera pas de le voir encore et encore pour tenter de mieux le comprendre – chose assez folle au passage, même au bout du vingtième visionnage, nous ressentons ce sentiment de gêne, ce malsain porté à son paroxysme.
Nombre de scènes peuvent être vues comme toute une symbolique, et de par le plan des caméras, et de par l'agencement de l'hôtel. Les pièces, vues ou entrevues, ne sont-elles que des pièces, ou bien sont-elle une représentation des dédales psychiques de Jack soumis au désir, à la haine, à la colère.. ?
Petit bémol tout de même pour la fin de ce film qui, selon moi, ne se révèle pas à la hauteur du reste – mais on le lui pardonne aisément – en ce sens que peut-être trop obscure, difficilement compréhensible et nous laisse une certaine frustration.
Cependant, si vous n'avez pas vu ce film, n'hésitez pas une seconde, il s'agit là d'une petite pépite. Et si le rang de certains films dits cultes peut nous paraître discutable, celui-ci mérite entièrement sa réputation et ses trophées.



Le saviez-vous?

Shining est une œuvre qui inspire pas mal de monde, quelques unes des références qui proviennent du film :

- Dans le film Scary Movie le tueur prononce le mot " Redrum", puis par la suite on voit l’héroïne qui passe la tete par la porte entrouverte parodiant la scène ou Nicholson passe sa tête par le trou de la porte qu'il vient de défoncer.
- Dans un épisode de la série Malcom, Reese imite Danny en "faisant parler" son doigt alors qu'il est convoqué chez la psychologue de l'école.
- Dans la deuxieme saison, épisode 1 de la série Griffin, Stewie croise dans un couloir les deux jumelles lui disant "tu viens jouer avec nous pour toujours".
On peut y voir Stewie jouant avec des cubes ou il y'a marqué "Redrum" lors d'un autre épisode.
- Les Simpsons remporte la palme en matière de références et de parodies de Shining, un des plus gros clin d’œil est un quasi épisode "Simpson Horror Show V" entièrement dédié au film. Dans quantité d'autres épisodes les créateurs des Simpsons s'amusent a prendre des références.
- Dans un épisode Daria, l’héroïne dit en levant le doigt façon Shining " Quel élégance, quel charme" puis "moi pas comprendre" sur un ton cynique lorsqu'elle arrive a proximité d'un grand hôtel dans le même style que celui du film.
- Le groupe Shining est nommé en hommage au film.
- Spit It Out une chanson du groupe Slipknot parodie plusieurs scènes.
- Dans la saison 6 de Pysch, l'épisode 11 intitulé Heeeeere's Lassie est un hommage à Shining avec de multiples références (le titre de l'épisode, l'hôtel, les jumelles, la descente vers la folie...)
Et il y en a encore beaucoup d'autres...



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire